Par Alain Maurice
Tout le monde l’appelle Thiou, un surnom donné par ses parents lorsqu’elle était enfant à Bangkok. De son vrai nom Apiradee Thirakomen, la
cheffe officie, dans les années 1990, aux Bains-Douches, la mythique boîte de nuit, avant d’ouvrir ses propres établissements qu’elle baptise, sans façon, « Thiou ». Sur le quai d’Orsay en 2002, puis du côté d’École Militaire en 2017, dans un style résolument gastro, vaisselle élégante, nappes blanches, dressages parisiens, loin de tout exotisme et de sable chaud … Le succès est au rendez-vous, elle nourrit les célébrités, le gratin politique, propose un
Tigre qui Pleure, copié dans tout Paris. La mode de la
cuisine thaï, dans les années 2000, c'est elle.
Après avoir fait les beaux jours de la Rive gauche, là voici donc, veste noire et coupe carrée, dans ce
restaurant du 8ème arrondissement, rue Balzac, à l’entrée de l'Hôtel Norman. Une première dans un hôtel pour Thiou. La salle est lumineuse, élégante et feutrée, les tables et les fauteuils cerclés de laiton et de cuir, le bois exotique et des grandes banquettes couleur cognac. On est dans un décor contemporain signé Thomas Vidalenc, un appartement d’esthète avec 57 couverts, une trentaine de plus dans un patio attenant.
La carte est fournie. Au total, onze entrées, onze plats et huit desserts, renouvelés au fil des saisons. Entre plats signatures, incontournables et grands classiques, le choix s’avère cornélien ! On nous prévient : la cuisine est thaïlandaise, faite avec des produits français, adaptée aux palais occidentaux... En entrée, des ravioles de crevettes servies dans un bouillon à la crème de coco parfumée et à la citronnelle dégagent des arômes d’iode et d’agrumes (24 €). Un maki croustillant au saumon et tobiko (œufs de poisson volant pétillant en bouche), relevé d’une mayonnaise sriracha, fait forte impression (17 €). La dégustation confirme. Les artichauts poivrades aux herbes fraîches et pignons de pin sont pile-poil. Une assiette de dégustation tombe à merveille : brochettes gourmandes de poulet grillé au beurre de cacahuète, salade de bœuf à la citronnelle, quelques mini nems aux langoustines, sauce chilli douce (37 €).
Les plats sont à l’avenant, entre terre et mer : un bar rôti sauce miel-soja et riz sauté au shiitakés (45 €), un saku de thon mi-cuit agréable en bouche (45 €), ou encore des rognons de veau sautés aux champignons, agrémentés de pommes de terre confites et d’un lait de coco épicé (37 €). A suivre un curry rouge au poulet (attention, pas un poulet au curry rouge), convaincant avec ses légumes croquants (aubergine, haricots verts, tomates et poivron) et sa sauce délicieusement relevée (28 €). Ajoutez un magret de canard laqué au miel, jus aux racines de krachai et riz noir (36 €) ; un original poulpe, encornets et couteaux sautés à la crème de langoustines épicées, présenté avec un bol de riz parfumé (38 €). Et le Pad Thaï aux crevettes, avec sa ciboule thaïe (32 €) ! Là encore un plat signature, un Must indique la carte.
Et puis, il y a le fameux Tigre qui pleure, « Mon » tigre qui pleure (45 €). Un faux filet dégraissé, saisi à feu vif, juste tranché, accompagné d’une petite salade de crudités pour se rafraîchir. Mais surtout, au coin de l’assiette, d’un pot de sauce où l’on trempe les lamelles de viande, une sauce dont la cheffe garde précieusement le secret. La magie opère ! Dernière étape, les desserts, dont un
champagne gourmand (29 €). Bienvenue dans le 8ème ! On fait un sort à un autre grand classique de la maison, une mangue fraîche et son sticky rice au lait de coco (20 €) ; à quelques mini-nems au chocolat (14 €). Mmmmmhhhh ! On boit là-dessus thé vert ou vin au verre. La cheffe passe en fin de repas s’assurer que tout s'est bien passé.
Ouvert du lundi au samedi, de 19h à 22h15. Fermé le dimanche.
Thiou propose un menu déjeuner du lundi au vendredi, de 12h à 14h30. Entrée/plat ou plat/dessert à 39 €. 48 € pour entrée/plat/dessert.
THIOU
9 rue Balzac, 75008 Paris
Métro Charles-de-Gaulles-Etoile
Photos Yann Deret
Octobre 2025