Par Philippe Toinard
Oh le joli dossier de presse que voici avec moult photographies de plats tous aussi appétissants les uns que les autres.
On nous annonce une cuisine de contrastes, de cœur, très nuancée avec des présentations inédites, civet de lièvre en boudin noir, des associations surprenantes, steak tartare de canard aux huîtres, et des évocations imagées, fruits de la Havane, sirop de tabac blond.
On scrute une dernière fois ces assiettes au stylisme culinaire bien dans son époque, histoire de se mettre en appétit et l’on prend place au premier niveau de ce gigantesque espace. Et là…patatras, rien ne va.
Premier signe avant-coureur d’une catastrophe, le pain. Tout mou et tout froid, il se recroqueville dans le fond de la corbeille. On sent dans sa mie qu’il aimerait disparaître sous la table, n’avoir jamais existé. Il sait que partout ailleurs, dans les restaurants dignes de ce nom, la qualité du pain est primordiale.
On se pâme pour une baguette de tradition, un pain de campagne mais lui n’a rien à nous offrir si ce n’est sa mollesse.
La mise en bouche vient lui sauver la mise car on le délaisse le temps de se concentrer sur la feuille de persil fanée, posée sur la mini quenelle de betterave. Elle semble éteinte, perdue sans sa botte que l’on imagine du même acabit.
L’escalope de foie de veau poêlée se présente enfin. Commandée rosée, elle semble encore vivante, tremblotante comme une gelée et finalement abandonnée au champ d’honneur des plats ratés sur le rebord de l’assiette que le chef a vraisemblablement oublié d’essuyer avant de l’envoyer en salle.
On aimerait quitter la table, prétexter un rendez-vous urgent mais dans la formule, il y a la mousseline de dattes aux épices douces, sa crème légère au safran et le verre de vodka infusée au gingembre. Trop tard, le mal est fait.
Un café servi dans une tasse ébréchée et on lève le camp, l’estomac dans les talons.
Photos : 1 : le double escalier - 2 Le carpaccio de gamberonis - 3 : La Cime tibétaine, confiture de lait, pomélos, liqueur midori.
La Nouvelle Athènes.
9, place Pigalle - 75009 Paris
Tel : 01 49 70 03 99.
Menus : 24 et 28 € (verre de vin compris).
Métro : Pigalle.
Fermé le dimanche.