Par Alain Maurice
Derrière Schnock, il y a Florence Pietrera, propriétaire de ce
restaurant du 17e et maîtresse de maison. Après avoir fait ses armes dans plusieurs maisons du groupe Costes, lancé sa marque de vêtements, ouvert un restaurant de poissons et fruits de mer à
La Baule, Le Café des Écailles, cette diplômée de l’École du Louvre est de retour dans la capitale. Avec un projet : faire revivre l’esprit des
bistrots parisiens, comme on les aime, un poil rétro, où les verres s’entrechoquent, les vins se sirotent, les conversations durent… Où l’on renoue avec l’apéro pendant que le parfum enveloppant d’une blanquette de veau qui mijote envahit peu à peu l’atmosphère.
Un ancien appartement en rez-de-chaussée, « requis » pour l’occasion, a perdu ses cloisons, tout en gardant un côté « comme chez soi ». Quatre salles hébergent désormais un comptoir de dégustation convivial, des grandes tablées, des espaces plus intimes pour des dîners en tête à tête, des fourneaux de plain-pied. La déco est soignée, chic, contemporaine, presque minimaliste : murs de pierre brute, carrelages et parquets aux accents rétro, banquettes bordeaux. Un papier peint panoramique évoque une baie lointaine. L’atmosphère est feutrée, alanguie, l’appétit aiguisé autant que la nostalgie. L’établissement s’appelle Schnock, clin d’œil à une certaine joie de vivre à la française, à tous ceux qui n’ont rien à prouver.
Au déjeuner, le menu de l'ardoise se déguste pour 25 € (entrée/plat ou plat/dessert), 30 € en trois « chapitres ». Le chef Georges Navarre signe une cuisine française simple mais bien troussée, plutôt inventive, qui respire la saison, l'air du temps. Elle change en fonction des arrivages et des envies du chef. Lors de notre passage, on a goûté à un velouté de courgette (servi froid) relevé de chèvre frais, de menthe ; une truite des Pyrénées en gravelax, auréolée d’un caviar de betterave et citron noir d’Iran.
A 18h, Schnock s’anime pour un afterwork autour de La Table d’Hôte du Comptoir… et de valeurs sûres viticoles. La carte (tricolore) est bien sentie, classée par régions. Un chablis de
Bourgogne, un Crozes-Hermitage du Rhône, un chinon de Loire… Ils accompagnent des propositions « sur le pouce » : terrine du Schnock et ses condiments (14 €), coques à la « brûle-doigts » cuisinées au gingembre et à la citronnelle (11 €), pommes allumettes servies en torpilleur (9 €) ou encore un chèvre frais (12 €) …
Il est temps de passer à table. La carte (retravaillée tous les deux mois) propose des réjouissances qui révèlent le goût du travail bien fait. Ici une fricassée de champignons frais ponctuée d’un jaune d’œuf confit et d’un jus d’ortie (14 €) ; là un turbot rôti pour 2 ou 3 (42 €), travaillé avec précision et simplicité, qui respire l’arrivage et l’inspiration du chef. Une élégante aile de raie à la nage (29 €) est escortée d’une marinière de coquillages et de légumes tournés, cuits séparément ; un onglet de bœuf Angus, parfaitement cuit, d’une sauce béarnaise onctueuse et de frites maison croustillantes (31 €). Les amoureux de poulet se laisseront séduire par un suprême de volaille fermière rôti, jus au thym, mousseline de pomme de terre (28 €). Les végétariens ne sont pas en reste avec des Légumes en Vol au Vent, huile verte à la feuille de figuier, radis rond, betteraves chioggia et petits poids (26 €) ; un risotto de petit épeautre aux châtaignes et potimarron rôti (22 €). On termine par une ganache chocolat noir intense (15 €), un baba au rhum chapeauté (14 €), les dernières fraises de la saison (12 €). Une tarte fine aux mirabelles et sa crème double délivre un éloge de la simplicité (13 €). Toute l’âme bistrotière du Vieux Paris !
Ouvert du lundi au vendredi de 12h à 15h et de 18h à 00h. Fermé le samedi et le dimanche.
SCHNOCK
31 Rue Guillaume Tell 75017 Paris
Métro Pereire
Photos Marie Desprez
Octobre 2025